LA CUISINE ANCESTRALE, RUSTIQUE ET RAFFINEE Un livre complet sur la cuisine du Pays d'Annot vous permettra de retrouver non seulement les produits et les recettes du terroir, mais aussi les techniques et l'outillage locaux ; c'est à la fois un livre de cuisine et sur la cuisine. Nous ne pouvons cependant renoncer au charme de vous parler du fleuron local que sont "les raioles de courge à la sauce de noix". Le poète Blanc du Fugeret, en 1820, nous conte avec une infinie poésie cette recette qu'il tient de son arrière-grand-mère (c'est dire l'âge de ce mets). Nous simplifions ici, faute de place, cette recette : Confectionnez de petits raviolis farcis de courge bouillie, d'oignons, d'œufs, d'ail et de fromage de vache sec et râpé fin ; les faire bouillir et recouvrez-les d'une sauce composée de noix fraîches pilées et délayées dans l'eau de cuisson des raviolis, saupoudrez de même fromage râpé et dégustez (il y a en fait plusieurs recettes selon les quartiers et les intervenants, celle-ci étant une des plus classiques). Au début du 19ème siècle, Blanc nous conte que la colonie annotaine de Paris était forte de deux cents personnes ; ce cercle, jaloux de ses traditions avait une telle influence qu'un grand restaurant du Faubourg Montmartre "Chez Lemoine "mettra dès 1820 à son menu" les raioles de courge à la sauce de noix du Pays d'Annot". Il est inutile de préciser que certains soirs, d ans ce restaurant, à part les serveurs, l'on n'entendait parler qu'une seule et belle langue ensoleillée, la langue gavote de l'amicale des Bas-Alpins de Paris (qui existe toujours je pense… On attend des nouvelles…). Blanc grimpait alors sur une table pour déclamer à haute voix : "Je veux qu'à mon chant les raioles
Doivent un éternel renom De bouche en bouche, mes paroles Iront d'Annot à Argenton Ragoût divin, mets délectable Que ne connaissent point nos rois Que j'aime à te voir à ma table Gonfler sous la sauce de noix…" Un autre composant de la cuisine d'Annot qui semble inaliénable : le châtaignier et la châtaigne. Le châtaignier, qui figure sur les armoiries d'Annot, appelé depuis l'antiquité "l'arbre à pain", de par sa qualité à fournir le seul fruit, qui sur le plan calorique, frôle celui des céréales, a nourri les habitants du Pays d'Annot depuis des millénaires (voir la page des grottes de Méailles). Il ne peut, malgré tout, pousser n'importe où, car il ne supporte aucune trace de calcaire et ne se plaît qu'en terrain acide, en compagnie des fougères et des bruyères. Les versants sud et ouest d'Annot, de Braux, du Fugeret, de Méailles et d'Argenton lui conviennent donc parfaitement, dans la terre sablonneuse des grès et de nombreux arbres multi-centenaires ont parfois des tailles gigantesques.
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