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Cette
maison, construite à la fin du 16ème
siècle est l'archétype de la bâtisse locale de cette époque.
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Ses propriétaires étaient tanneurs depuis le
début du 16ème siècle
et l'état-civil local nous apprend que le premier qui y fut
né s'appelait
Antoine Fabre, et a vécu 100 ans (1599-1699) ;
il naquit donc sous le règne d'Henri IV.
Cette corporation, les tanneurs-peaussiers-mégissiers,
qui contrôlait à la fois les élevages et la transformation
des cuirs,
tenait le haut du pavé dans la hiérarchie des artisans de
l'époque
et appartenait à la classe sociale de la moyenne bourgeoisie
provençale.
Tout en menant une vie simple et sans fastes,
ils aspirent cependant à des logis vastes et confortables
pour l'époque.
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Cette demeure nous offre un des premiers carrelages
fabriqués à Annot
dans les « tuilières » locales ;
les carreaux de terre cuite sont du 18ème
siècle,
et furent scellés au plâtre rouge sur un dallage de lauses
de pierres
qui date de la construction de la maison elle-même ;
les énormes poutres de châtaigniers sont aussi d'origine,
ainsi que le plafond solivé de la chambre ;
il en est de même pour le rarissime plafond montagnard de
la bibliothèque,
qui offre entre les poutres, des solives apparentes
qui ne sont que des rondins de châtaignier,
plafond sur lequel est bâtie une dalle rustique de mortier
de chaux
supportant le carrelage local de l'étage supérieur.
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Construites en pierre de grès
local, dont les murs atteignaient souvent
de 50 à 80 cm d'épaisseur, ces maisons étaient enduites à l'intérieur
d'un mortier de sable de grès et de plâtre rouge local,
mortier d'un ton « vieux rose » que l'on retrouve encore
sous les peintures contemporaines ,
ainsi que sur le plafond du vestibule d'entrée actuel.
L'extérieur restait en pierres nues dorées par des siècles de
lumière
et seule une mode de la fin du 19ème
siècle
a fait parfois couvrir d’autres maisons d'un crépi souvent peinturluré
de mauvais goût, à la mode génoise.
Les fenêtres assez vastes au 1er
étage (pour la clarté)
sont vite réduites aux étages supérieurs, pour conserver la fraîcheur
l'été ;
les vitres n'apparaissent dans les maisons communes
qu'à partir du 18ème siècle ;
seuls les bâtiments religieux ont des carreaux de verre.
Les autres se contentent de papier huilé ou de vessies d'animaux.
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Les cheminées n'existaient que dans les cuisines
et dispensaient leur modeste chaleur, le soir à la veillée ;
le manteau de celle que nous avons ici à été restauré
dans les années 70 du siècle dernier, dans le plus pur style
local ;
quant au cendrier, sur la droite de celle-ci, qui permettait
de garder la nuit,
les braises sous la cendre et de raviver le feu le matin,
il est de l'âge de la maison.
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Les persiennes n'apparaissent
qu'au 19ème siècle ;
auparavant seuls existaient des contrevents internes,
dont nous retrouvons ici, trois types du 18ème
siècle ,
en châtaignier dans la chambre (unique à Annot).
La fenêtre sud de cette chambre offre un type splendide
de meneau simple en pierre de grès ;
elle date de l'origine du logis et n'a jamais été restaurée.
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Le mobilier, très spartiate,
était, jusqu'au 18ème siècle,
réduit au minimum :
des placards avec portes en noyer ou châtaignier, pour le linge
;
des coffres identiques, pour le grain et les farines ;
un pétrin indispensable pour le pain que l'on cuisait au four
communal ;
des bancs, quelques chaises basses, les chauffeuses,
que l'on mettait devant la cheminée et une ou deux lourdes tables
;
les lits, n'étaient, à l'époque, que de simples caisses rehaussées,
dans lesquelles on mettait des paillasses de feuilles
que l'on regarnissait une fois l'an ;
d'épaisses et lourdes vannes piquées en coton
ou parfois directement des peaux de mouton
et d'énormes édredons de plumes de volaille, permettaient de
dormir en hiver dans les chambres glacées.
Les portes extérieures et intérieures étaient dans nos montagnes,
en châtaignier ou en noyer.
Quant aux divers systèmes de fermetures, vous trouverez entre
autres,
à l'entrée de la porte extérieure, un superbe loqueteau du 18ème
siècle,
à clenchette à ressort plat et à la porte des sanitaires, un
splendide loquet
à poucier en fer forgé du 17ème
siècle.
A partir du 18ème siècle, on trouve
dans notre région, dans les foyers aisés, d'autres meubles plus
raffinés : vaisseliers, fauteuils, horloges et pendules ;
celle que trouvons ici porte un mécanisme du début 19ème
siècle.
Nous trouvons aussi, rarement, un placard fermé
où était enfermée une pile en terre cuite,
reliée au caniveau de la rue, pour faire la vaisselle
(ici, l'évier a été changé).
Quant aux nombreux objets de la vie courante que vous allez
côtoyer,
ils sont locaux et font partie de la vie de la maison depuis
fort longtemps.
Vous constaterez, nous l'espérons, tous les changements
auxquels nous nous sommes soumis pour vous recevoir ;
ils sont indispensables à notre confort de la vie d'aujourd'hui
;
nous espérons cependant avoir gardé à ce logis
son âme d'antan et sa douce nostalgie.
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Nous espérons
vous garder longtemps parmi nous et vous souhaitons un merveilleux
séjour à Annot.
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